Depuis l’adoption de la loi du 23 juillet 2016, le Luxembourg propose une variante “allégée” de la SARL classique : la société à responsabilité limitée simplifiée (SARL-S). L’idée est simple : donner la possibilité à des entrepreneurs ou porteurs de projets de se lancer sans devoir mobiliser un capital élevé, tout en conservant le mécanisme de responsabilité limitée.
Cette mesure a eu un effet visible sur le tissu entrepreneurial national : de nombreux projets “solo” ou activités de services (consultants, formateurs, freelances, petites activités e-commerce) ont pu prendre forme plus rapidement. En simplifiant les formalités et en abaissant les barrières financières, la SARL-S est devenue un outil de “porte d’entrée” vers l’entreprise structurée.
Les atouts de la SARL-S : économie, simplicité, accessibilité
1. Capital symbolique (1 €) et absence de notaire
Le capital social exigé varie entre 1 € et 12 000 €, et doit être libéré intégralement à la constitution.
Surtout, la constitution peut être faite par acte sous seing privé (l’intervention d’un notaire n’est pas obligatoire pour créer ou modifier les statuts).
Résultat : des économies substantielles sur les coûts de création (notariat, formalités etc.), ce qui rend l’accès à l’entreprise beaucoup plus “léger”.
2. Formalités réduites et rapidité
Les démarches se font via le guichet public, avec enregistrement au Registre de commerce (RCS), et demande d’autorisation d’établissement (dans les secteurs qui le nécessitent).
Grâce à la suppression de l’obligation notariale, la constitution peut aller plus vite et à moindre coût.
3. Une responsabilité limitée préservée
Même avec un capital minime, les associés d’une SARL-S bénéficient d’une responsabilité limitée : leurs pertes ne peuvent pas excéder leurs apports, ce qui protège leur patrimoine personnel (dans les limites de la loi).
4. Favoriser le “low cost” entrepreneurial
C’est exactement l’objectif affiché : stimuler la création d’entreprises qui ne nécessitent pas de lourds investissements initiaux.
Des porteurs de projet qui hésitaient à se lancer à cause du coût deviennent désormais acteurs de l’économie luxembourgeoise.
Un exemple concret (hypothétique, mais réaliste) : un coach en développement personnel habite au Luxembourg. Au lieu de devoir mobiliser 12 000 €, il peut créer une SARL-S avec 1 €, s’acquitter des quelques frais de publication ou enregistrement, et commencer son activité. Si le business grossit, il pourra plus tard transformer sa société en SARL classique.
Le revers de la médaille : crédibilité, limites et contraintes
La SARL-S n’est pas une panacée. Elle a des inconvénients qu’il faut connaître avant de s’engager.
1. Une image “faible” aux yeux des partenaires
Avec un capital aussi bas, certains clients, fournisseurs ou banques peuvent douter de la solidité de l’entreprise. Une structure à “1 €” ne rassure pas toujours quand les enjeux sont importants. Plusieurs acteurs soulignent que la SARL-S, pour des contrats de taille significative ou pour faire appel à des investisseurs, peut paraître moins crédible.
2. Limite de capital et nécessité de conversion
Si la société se développe, elle devra être transformée en SARL classique dès que le capital social ou le nombre d’associés dépasse certains seuils (capital dépassant 12 000 €, plus de 100 associés).
Cette conversion entraîne modifications statutaires, formalités, décisions d’assemblée, etc.
3. Restrictions quant aux associés
Dans une SARL-S :
Seules des personnes physiques peuvent être associées (pas de sociétés actionnaires).
Une personne ne peut être associée qu’à une seule SARL-S à la fois (sauf succession).
Les activités permises sont limitées : artisanat, commerce, industrie, certaines professions libérales — pas de holding, pas d’immobilier pur.
Ces contraintes limitent les ambitions de croissance pour certains projets.
4. Obligations financières continues
Bien que la création soit “facile”, la gestion de la société a toujours ses coûts (publication des comptes, comptabilité, obligations légales) — même si l’activité est faible ou nulle.
Par ailleurs, la loi impose qu’un prélèvement annuel de 5 % du bénéfice net soit affecté à une réserve spéciale jusqu’à ce que le capital + réserve atteigne 12 000 €.
Bilan : une rampe de lancement, pas un podium final
La SARL-S est une avancée pragmatique : elle permet à des porteurs de projet de tester une idée, d’offrir des services, de lancer un micro-business avec des risques financiers moindres. En supprimant l’obligation notariale et en rendant possible une constitution “low cost”, elle contribue à dynamiser les créations d’entreprises au Luxembourg.
Mais elle est mieux adaptée pour des activités légères, des phases de test, des entreprises à faible besoin en capitaux. Pour des projets ambitieux (avec investissements, levées de fonds, besoins de crédibilité) la transformation vers une forme plus “classique” peut s’avérer nécessaire.
Pour un entrepreneur au Luxembourg, la SARL-S peut être l’outil idéal pour démarrer : partir petit, limiter les frais, valider un modèle. Ensuite, si le succès accompagne l’effort, on passe à l’étape suivante : renforcer ses fonds, rassurer les partenaires, formaliser une structure plus robuste.